22.2.17

 S'aimer soi-même. C'est le plus difficile. Tant que nous ne sommes pas en amour avec nous-mêmes, nous sommes une fréquentation dangereuse pour les autres, car nous        cherchons sans cesse compensation dans la relation. 
- Christiane Singer

«Aimer trop». C’est un concept dont on entend souvent parler. On est nombreux à se reconnaître dans ce phénomène, à avoir le sentiment de donner un peu (ou beaucoup) plus que ce qui serait approprié – plus qu’on reçoit, spécifiquement. Le résultat est qu’on se retrouve vidé, déçu et frustré. Oh, et on se sent très petit, aussi. Parce que si on ne reçoit qu’une fraction de ce qu’on donne, ça semble confirmer que c’est seulement de cela qu’on est digne. On s’en doutait un peu, au fond de nous, mais selon ce qu’on peut voir, les faits le confirment.

Donc oui, «aimer trop» est un concept dont on entend souvent parler. Et je ne sais pas pour vous, mais chaque fois qu’il est évoqué, mes oreilles grincent un peu – c’est comme une fausse note en plein milieu d’une mélodie. Parce qu’aimer, c’est respecter l’autre tel qu’il est. C’est voir sa beauté, sans qu’il ait à changer. C’est être rempli d’énergie positive. Et si on y pense, comment pourrait-on trop respecter quelqu’un? Ou comment pourrait-on être habité d’une énergie trop positive? Dans le sens le plus pur du terme – et le seul vrai sens du terme est la pureté même –, trop aimer est simplement impossible. C’est un faux concept, une fausse idée.

Lorsqu’on dit qu’on «aime trop», ce qu’on veut vraiment dire est, bien sûr, qu’on s’est beaucoup donné (ou qu’on a beaucoup essayé de contrôler l’autre) et que nos attentes n’ont pas été comblées. Et bien que ce soit totalement humain et compréhensible d’avoir des attentes et de vivre des déceptions, on ne parle pas là d’un état d’amour, mais de besoin et d’attachement. Tout n’est pas noir ou blanc, bien sûr, mais c’est moins un cadeau qu’on partage généreusement avec l’autre qu’un vide qu’on remplit à travers lui. Rien à voir avec l’amour. En fait, on pourrait probablement même dire que parfois, celui qui donne le plus est celui qui aime le moins.

L’amour n’épuise personne. Il rayonne. Il donne des forces. Il libère. Parfois il amène à donner, et parfois il amène à fermer la porte s’il n’y a pas de réceptivité ou de réciprocité. Et si l’amour est vraiment de l’amour, il n’y aura pas de rancœur ou de sentiment d’avoir été négligé, parce que le seul but de l’amour est d’aimer.

Si on a tendance à «trop aimer» et qu’on veut se libérer de ce schéma, il peut donc être tellement aidant de commencer simplement par reformuler le tout adéquatement – de remplacer «je l’aime trop» par «je le veux trop», ou par «j’ai trop besoin de son amour» ou par «j’ai trop besoin qu’il se conforme à mes attentes». Voilà qui est honnête. En fait, je n’aime pas l’utilisation du mot «trop», parce qu’il est empreint de jugement, et c’est justement cette raideur envers nous qui nous amène à aller chercher refuge ailleurs… Mais arrêter de voir notre attachement et notre insécurité comme un don nous permet de voir la situation pour ce qu’elle est réellement, et donc de commencer à chercher la bonne chose au bon endroit.

Ainsi, plutôt que de se demander pourquoi on n’arrive pas à recevoir ce qu’on mérite, ou de chercher des tactiques pour faire en sorte que l’autre personne se comporte comme on le désire, on peut prendre contact avec la partie de nous qui sent un manque et lui donner ce qu’elle veut directement. On peut lui dire quelque chose comme (je vais accorder le tout au féminin) : «Ma belle _____ (on insère ici notre prénom), ça m’attendrit de voir que tu te sens si petite et que tu ne crois pouvoir t’apaiser et te valoriser qu’à travers elle/lui. À partir de maintenant, je veux apprendre à te donner moi-même cette douceur et cette sécurité que tu désires tant. Ça ne me semble pas facile – si ça l’était, je l’aurais fait avant –, mais je suis là, et je te promets que je ne t’abandonnerai pas».

Chaque déception, chaque moment où on «aime trop» peut être le symptôme qui nous motive à nous tourner vers nous et à guérir le vrai bobo. Et oui, il est particulièrement difficile de se trouver beau et digne d’amour lorsqu’on se voit accroché, dépendant, à recevoir des miettes alors qu’on a offert ce qu’on a de plus beau. Peut-être est-ce ce que vous ressentez… peut-être vous trouvez-vous repoussant de vulnérabilité, par moments. Si c’est le cas, je vous dirais qu’il n’y a pas un meilleur moment pour vous ouvrir les bras. Parce que c’est lorsqu’il est le plus difficile de vous aimer que votre amour est le plus vrai et le plus puissant. Et donc si vous le choisissez, si vous avez le courage de le choisir, ce moment où vous avez le sentiment d’être si petit, et si loin du but, est celui qui vous permettra de faire des bonds de géant.

Qu’en dites-vous?

Sur ce, je vous souhaite une superbe semaine! Prenez bien soin de vous.
xox

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